Le tableau ci-dessous donne l’essentiel des correspondances sons-lettres de notre cœur phonographique disponible en téléchargement.
La nécessité d’une écriture aussi transparente que possible du créole de La Réunion fait que ce cœur phonographique occupera forcément une très grande place dans le système graphique. Et c’est vers nos graphies les plus transparentes que la commission s’est naturellement tournée : Lékritir 77, KWZ (81), Tangol (2001).
Tout d’abord, les solutions communes à ces trois écritures ont été retenues, à condition qu’elles aient été (ou commencé à être) adoptées par ceux qui écrivent le créole de La Réunion de façon “spontanée” (hors système). C’est, entre autres, le cas, hautement symbolique, des lettres K et Z transcrivant respectivement les sons [k] et [z]. Ces lettres, longtemps combattues s’imposent maintenant, elles passent même pour être identitaires et ludiques.
Sauf pour les écrivants/écrivains, la lettre W, spécifique de KWZ (81), est assez peu utilisée dans les « mots pleins » tels que : les noms, verbes, adjectifs qualificatifs… Elle l’est beaucoup plus dans des « mots-outils » tels que les pronoms personnels, pronoms interrogatifs … Les jeunes, les publicitaires… ont une prédilection pour cette lettre, dans ces mots.
La commission propose donc que le w soit utilisé dans les mots-outils qui contiennent le son [w] : mwin, amwin ; twé, atwé ; kwé (kwa) ; poukwé ; pwin…
Pour noter les voyelles nasales : an (comme dans manman), in (comme dans moulin), on (comme dans savon), les solutions adoptées sont {{communes à toutes les graphies réunionnaises}}. Elles sont également extrêmement fréquentes en français.
C’est la même chose pour les notations ine (comme dans fine), ane (comme dans fane) et one (comme dans zone) qui s’opposent respectivement à in, an, on. Elles sont, elles aussi, typiquement françaises.
Dans ce cœur phonographique, la commission, pour réaliser d’autres indispensables passerelles vers le français, a choisi, conformément aux tolérances de Tangol : les deux S entre les voyelles, le GU devant e, é, è, i.
Après consonne, en finale absolue, la commission préconise l’utilisation du « e » muet en cas d’interférence avec les mots français (nuite, shate, tante, toute…)
Le cas du son « s » est particulier en finale : la commission préconise se après voyelle nasale (romanse, pinse…) et sse après voyelle orale (dosse, lisse…).
Les lettres accentuées é et è se retrouvent dans tous les usages et, correspondant à des sons distinctifs ([e] et [ɛ]). Les omettre rendrait l’écriture moins transparente. Le tréma ne sera utilisé qu’exceptionnellement.